L’on croyait que le problème était fini. Mais, le calme apparent affiché jusque-là par l’Association pour le développement de Djanguinébougou Wèrèda (ADDW), a fini par dégénérer, il y a peu, par une marche sur la mairie de la Commune I. Le lendemain, rapporte-t-on, sur instruction de la première autorité de la Commune, des policiers ont investi le terrain et se sont mis à battre des gens. Bilan : deux blessés graves qui ont été enfermés au commissariat du 12e arrondissement avant l’intervention du député Oumar Mariko qui les a conduit à sa clinique à Boulkassoumbougou pour y recevoir des soins.
En réalité, l’affaire des 84 hectares a sérieusement secoué le maire de la Commune I mais aussi entaché son bilan qui n’a jamais trouvé grâce aux yeux de certains de ses administrés. Pour tout dire, Mme Konté Fatoumata Doumbia fait face aujourd’hui à une fronde qui n’est pas prête à s’éteindre. Dans la gestion des 84 ha, il est reproché à l’édile la non prise en compte sur la liste des déguerpis de Nafadji, Kougnoumani et de Djanguinébougou Wéréda.
L’on estime à des centaines les déguerpis qui sont désormais sans domicile fixe. N’ayant plus que leurs yeux pour pleurer, ils ont tapé à toutes les portes afin d’amener le maire à prendre en compte leur cas. Mais rien à faire. La vérité, aujourd’hui selon nos informations, est que les 84 ha auraient fait l’objet de morcellement et d’attribution à de hauts cadres de l’administration, conseillers municipaux de la mairie et autres alliés au détriment des déguerpis.
Est-ce cela qui explique l’attitude du maire à ne point vouloir se prononcer sur l’affaire qu’elle considère comme classée ? Tout porte à le croire à la lumière de certains de ses propos. « Tant que je demeure le maire de la Commune I, ces parcelles ne tomberont jamais au bénéfice des déguerpis sauf décision du ministre ou du gouverneur », a-t-elle avoué au cours d’une rencontre avec l’ADDW, rapportent nos sources. A croire qu’elle agit suivant l’ordre de ces derniers, mais de tels propos d’un maire tranchent d’avec sa volonté, sa détermination à trouver une gestion consensuelle au tour des 84 ha.
Le seul argument dont elle se prévaut aujourd’hui, c’est qu’elle a hérité cette situation de la délégation spéciale. Toujours selon nos sources, la Commune ne comprend pas l’empressement du maire à distribuer des lopins alors que les élections communales avancent à grands pas. Elle aurait dû gagner l’estime et la sympathie des électeurs si elle avait suspendu toute décision d’attribution à la veille des communales.
En Commune I, les déguerpis ne cachent plus leur indignation. Ils se disent déterminés à tout mettre en œuvre pour entrer en possession de leurs parcelles même s’il le faut au prix de leur sang. Devant un tel avertissement, le maire va-t-elle reconsidérer sa décision ou restera-t-elle toujours intransigeante ? Rien n’est sûr. Toujours est-il que les deux parties continuent de se regarder en chiens de faïence. Pour la mairie, les déguerpis sont allés s’installer sur un titre qui ne leur appartient pas alors qu’elle-même n’a jamais été en mesure de présenter devant le tribunal un titre authentique prouvant le contraire.
Affaire à suivre.
DESORDRE A LA GARE ROUTIERE DE SOGONIKO
Les « coxeurs » mis à l’index
Lieu commercial et d’affaires, la gare routière de Sogoniko est l’une des places les plus fréquentées et les plus dangereuses à Bamako, par les faits et actes qu’y se déroulent à longueur de journée.
Située en face des Halles de Bamako,la gare routière de Sogoniko est une mosaïque humaine : voyageurs, voleurs, délinquants, « coxeurs », professionnelles du sexe, vendeuses de marchandises, etc. Des individus sans identité et sans domicile fixe (SDF) y trouvent refuge. Chacun met au compte de l’autre la responsabilité du désordre sur le site.
Mais, très généralement, la chienlit est imputée aux « coxeurs » qui s’autorisent à orienter les voyageurs vers les compagnies de transports de leur choix. Pour petits commerçants, les « coxeurs » sont les premiers fauteurs de désordre à l’auto-gare .
Isolée dans son coin, Mariam Ba, une restauratrice, déplore le manque d’autorité qui prévaut. « Mon restaurant a été victime plusieurs fois de vol. Des clients également été souvent des victimes. Malgré tout, les policiers restent muets ou n’agissent que dans leur propre intérêt », regrette-elle.
L’Etat sur la sellette
Les « coxeurs », eux, se défendent. Abdoul Théra, un d’eux, notera qu’il exerce son métier comme les autres. Selon lui, « un coxeur doit êtregentil avec les usagers car souvent des voyageurs arrivent sans aucune connaissance de la gare. Mais, souvent à force d’être agréable, on se fait taxer de délinquant ».
Badian coulibaly, vendeur de carte téléphonique,prétendque « nous faisons simplement notre travail pour survivre. S’il y a le désordre, ce n’est pas de notre faute. Il faut seulement en vouloir aux autorités incapables d’assumer leur rôle ».
De nombreux citoyens rappellent que c’est à l’Etat d’instaurer l’ordre à l’auto-gare. Comme solution Amadou Boré, étudiant propose la création d’emplois pour les nombreux jeunes qui errent à la gare, s’adonnant à des activités futiles. « La plupart de ces jeunes sont des élèves ou étudiants qui manquent de moyen pour subvenir à leurs besoins », constate l’étudiant.
La gare routière de Sogoniko est aujoud’hui un lieu dangereux et désordonné qui mérite d’être nettoyé dans l’intérêt de tous.
Anne-Marie Kéita
(stagiaire)
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HISTOIRE CANADIENNE
La jet set au tribunal
Ou quand le petit peuple se régale des restes d’histoires salaces de la haute classe…
Le Québec est actuellement sous le charme d’un feuilleton qui, par ses révélations, offre plus aux clients que les meilleurs telenovelas brésiliens. Il s’agit d’une procédure judiciaire contenant tous les ingrédients du potinage : la misère des gens riches et célèbres, l’argent, le sexe, la drogue. Disons, qu’il ne manque que le rock’n roll pour compléter la sauce.
Voilà donc l’histoire. L’homme est un entrepreneur prospère, propriétaire d’une compagnie qui brasse des affaires en Amérique, en Asie et en Europe. Sa fortune personnelle est estimée à 5 milliards de dollars (2000 milliards CFA). Il possède un avion privé, un hélicoptère, une résidence de 1,5 milliard CFA au Québec, une île privée dans les Caraïbes, des résidences secondaires en Europe et un domaine au Brésil.
Parti de rien, sans un sou en héritage, il a bâti cette fortune à la sueur de son front et fait la fierté de tout le Québec. Sur ordre du tribunal, il est interdit de le nommer ainsi que son ex-conjointe, pour protéger les enfants, donc, je ne le nommerai pas. Cet homme d’affaires avisé et opiniâtre a cependant une faiblesse.
En 1991, en vacances au Brésil, alors que son empire était déjà bien installé, il rencontre, sur une plage, une plantureuse brune brésilienne. Le coup de foudre est immédiat. Notre homme raisonné et avisé perd tous ses moyens et se met à la conquête de la gamine qui n’avait que 17 ans à l’époque. Il faut dire que la cour ne fut point assidue.
La dame, issue d’une famille, disons du prolétariat moyen-inférieur pour être charitable, ne fut pas difficile à convaincre face à l’étalage de bling bling de notre milliardaire. Il la fit venir au Québec et, pendant 10 ans, ce fut une existence de rêve : voyage dans des jets privés, caviar, rencontre avec les grands et orgueilleux de ce monde, achats de 150 000 dollars d’une traite dans les boutiques de haute couture, château en banlieue avec majordome, gardien, bonne, etc. Les deux pieds ne touchaient plus terre. Et la cheville enflait sans cesse.
Tout rêve ayant une fin, l’homme finit par se lasser : plus il en donnait, plus la femme en voulait. Il prétend que la dame devenait de plus en plus capricieuse et surtout, voulait assurer ses arrières : ne jamais retomber dans la misère. Elle lui fait alors trois enfants en moins de 4 ans, pendant que leur relation battait de l’aile. Puis, en 2001, l’homme décide de mettre fin à l’idylle. Fini, c’est fini.
Ils conviennent d’un arrangement devant notaire : une pension alimentaire de 18 millions de F CFA par mois (plus que le double du salaire mensuel du Premier ministre du Canada !) pour les trois enfants ; une maison entièrement payée d’une valeur de 900 millions de F CFA, deux gardiennes, une préceptrice, un majordome tous payés par monsieur, qui assure aussi le paiement de toutes les taxes municipales liées à la maison. Même le temps que les enfants passent avec le père, la mère reçoit sa pension.
Le hic, c’est que les deux tourtereaux n’ont jamais été mariés. Et, selon le code civil du Québec, d’inspiration napoléonienne et donc différent de ceux du reste du Canada, les conjoints de fait n’ont pas les mêmes droits que les couples mariés. Malgré donc la fortune colossale de monsieur, la dame n’aura que la pension pour les enfants, rien pour elle-même. Et, Mme qui n’est pas folle, sait que dans maximum 9 ans, le dernier enfant sera majeur et elle se retrouvera gros-jean-comme-devant. Sans un sou !
Elle intente donc une poursuite judiciaire pour réclamer au père de ses enfants, des choses qui effarent aujourd’hui tout le Québec : elle veut 23 millions de F CFA par mois pour elle-même et à vie (du moins tant que la vache laitière sera vivante) ; elle veut un acompte forfaitaire de 22 milliards de F CFA pour… tenez-vous bien… s’acheter un hélicoptère. Son principal argument : l’homme l’a habituée, pendant leur amourette, à un niveau de vie et elle veut le garder.
Par exemple, elle se plaint que, partant en vacances dans son pays (le Brésil), ses trois enfants voyagent en classe économique alors qu’avant l’avion privé du paternel les déposait en un clin d’œil. Et ce n’est pas fini. Mme a aussi déposé une plainte au Brésil pour mettre la main sur la moitié des avoirs du mec au pays de la Samba.
Pour arriver à ses fins, elle a étalé devant le tribunal, en audience public, tous les détails, y compris ceux dans lesquels se trouve le diable, de la vie qu’elle a menée avec son ex. Elle évoque notamment une nuit torride dans un hôtel, la consommation de drogue et le penchant du bonhomme pour la chair fraîche. Naturellement, le bonhomme qui fut contraint de témoigner en cour a aussi déversé son fiel sur celle qu’il considère comme une assoiffée d’argent, de pouvoir et de reconnaissance sociale ; une dame qui ne vise que le portefeuille et mieux, depuis leur séparation en 2001, s’est tapée trois autres hommes, tous riches.
C’est d’ailleurs son actuel copain millionnaire (cela va de soi) qui paie ses frais d’avocat qui ont déjà dépassé le demi milliard de F CFA ! Honnêtement, pour ce qui est de l’argent, les deux parties se valent puisque l’homme d’affaires est reconnu particulièrement dur en affaires et comptant ses bénéfices au centime près.
Pour le moment, le feuilleton se poursuit devant la cour au grand plaisir des potineurs et voyeurs qui prennent d’assaut les bancs du tribunal les jours d’audience. Les spécialistes des causes familiales pensent, majoritairement, que le juge Serge Boisvert qui entend la cause ne donnera pas raison à la dame malgré tout le tintamarre entourant l’affaire.
La population, de manière générale, est du côté de l’homme parce qu’elle ne comprend que quelqu’un qui gagne autant d’argent juste pour élever trois enfants continue à se plaindre. Son histoire d’achat d’hélicoptère est restée bloquée dans plusieurs gorges et quand on rajoute que le mec a révélé, que le jour même de son témoignage, Mme l’a appelé pour proposer « un arrangement », elle n’a pas aidé sa cause.
Il y a, toutefois, une question qui reste en suspens : comment un homme aussi avisé, intelligent, parti de zéro pour accumuler 5 milliards de dollars (2000 milliards de F CFA !) a pu faire preuve d’un manque de jugement aussi cruel ? Il aurait, franchement, pu être plus avisé dans son choix de compagne. Ou, peut-être, c’est simplement la folle pulsion du bas-ventre qui l’a perdu.
Il est cependant sûr et il l’a dit : il n’embarquera plus jamais dans une histoire aussi fumeuse. Comme le disait mon prof de sociologie de Dakar, feu Oumar Diagne : « Les hommes les plus intelligents peuvent devenir idiots juste en voyant un background de gamine remuer fort ! » Astafourglah, mais c’est vrai en plus !
Ousmane Sow
(journaliste, Montréal)
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